2023 – Soulager par les mots et les actes

2 mai 2023

Dans un contexte social de plus en plus difficile pour les populations partout dans le monde, avec des difficultés à se nourrir, se loger et, dans les pays du nord, se chauffer, il est bon de rappeler que nous avons tous le pouvoir de soulager au moins une personne de notre entourage en lui apportant de l’aide, du réconfort et de l’espoir.

Et si, inversement, chacun d’entre nous sait qu’il existe quelqu’un quelque part vers qui se tourner en cas de nécessité alors la vie devient naturellement plus légère.

La solidarité, l’esprit de partage ne règlent pas l’appauvrissement programmé des peuples mais ils soulagent les individus, ils allègent leur fardeau et leur permettent de continuer d’avancer.

Au fond, ce n’est pas l’état du monde qui est préoccupant mais celui des êtres humains qui l’habitent.

Ceux qui pourraient aisément partager, ne sachant tout simplement plus vraiment quoi faire de leurs amoncellements de biens, ne le font pas, et cette idée ne les effleure même pas.

Et pourtant, leur contribution, une bagatelle pour eux en termes de finances, mais qui nécessiterait une noblesse morale devenue, hélas, au fil du temps une valeur complètement surannée, en particulier chez ceux qui sont en haut de l’échelle sociale, permettrait à des millions de gens de ne pas sombrer dans la pauvreté.

Depuis sa création, en 1998, la Fondation AÏDARA Chérif, a tenté de créer une chaîne de solidarité pérenne. Malheureusement, nous n’avons pas pu éradiquer la pauvreté, selon l’objectif ambitieux (et sans doute un peu naïf, mais nous étions jeunes) que nous nous étions fixé, mais à tout le moins l’avons-nous soulagée.

Soulager, c’est d’abord dire à l’Autre : Je vous écoute, je vous comprends. Vous n’êtes pas seul.

C’est une manière d’atténuer la colère et le ressentiment et de rétablir un peu de paix en chacun et, par suite, dans la société.

Lorsque des millions de citoyens crient ensemble leur exaspération alors cela devient une absolue nécessité d’éteindre le feu avant que celui-ci ne détruise la société tout entière, de la même manière que le père/la mère de famille n’a d’autre choix, s’il/elle veut préserver l’unité familiale, que d’entendre l’expression des dépits et des rancœurs de certains de ses enfants.

Les êtres humains sont en train de perdre leur aptitude à éprouver de la sympathie, de la compassion, de l’amour pour autrui. Au mieux indifférents au malheur d’autrui, ils deviennent parfois méchants, haineux même, se réjouissant du malheur de leurs semblables- les chômeurs sont des fainéants, les SDF l’ont bien cherché, les réfugiés, les persécutés, les migrants en quête d’une vie meilleure peuvent bien se noyer pourvu qu’ils ne viennent pas manger notre pain (omettant par ailleurs de penser que ceux-ci peuvent, le cas échéant, être eux-mêmes boulangers),etc.

Et puis, il y a ceux dont la tâche est normalement de soulager les populations, d’alléger les charges qui pèsent sur elles, d’œuvrer pour rendre leurs vies meilleures et qui, au contraire, ne cessent de souffler sur les braises, d’attiser l’exécration et de mener de véritables entreprises de destruction tant à l’intérieur qu’à l’extérieur des frontières en fomentant des guerres dont on sait par avance que celui qui gagnera aura de toute façon perdu. Un seul mégot de cigarette suffit à détruire des milliers d’hectares. De même, un mot, une action, peuvent, en engendrant de la violence et de l’hostilité, détruire en peu de temps un pays entier.

Lorsque les cerveaux des humains fonctionnent au ralenti, comme c’est le cas en ce moment, lorsque les fardeaux sont trop lourds à porter et que les gouvernants continuent de répandre le désespoir alors c’est la porte ouverte à la violence incontrôlable, voire à la barbarie.

Personne ne peut être heureux seul dans son coin. De même, aucune nation ne peut ruiner les autres impunément. Individuellement ou collectivement, tôt ou tard, il faudra passer à la caisse. On ne peut pas construire durablement sur les humiliations, l’anéantissement provoqué et les défaites infligées aux autres – individus, peuples, gouvernements.

Combien de chefs d’État, impitoyables au faîte de leur grandeur, finissent leur vie diminués, malades, parfois sans conscience d’eux-mêmes et de ce qu’ils furent.

Soulager, alléger le fardeau, réconforter c’est redonner de l’espoir.

Ne pensons jamais qu’il n’y a plus d’espoir.

***

Chérif Yancouba AÏDARA

Président-fondateur de la Fondation AÏDARA Chérif

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